LES MODELES UTILISES DANS SAINT SEIYA

 

Certaines sautent aux yeux, d'autres sont plus subtiles, mais les références visuelles au monde qui nous entoure foisonnent dans le manga Saint Seiya. Lieux célèbres, œuvres d'art, monuments, etc. tous ces éléments qui sont l'héritage des peuples et des cultures de notre histoire sont autant d'images que Masami Kurumada a glissées dans son œuvre.
Ne nous voilons pas la face, si parfois le recours à des modèles résulte de recherches approfondies et sert une volonté scénaristique précise, bien souvent Kurumada semble choisir la facilité en copiant l'existant plutôt que de créer par lui-même. Mais qui pourrait lui en vouloir ? Cette façon de procéder lui permet de donner des repères visuels à son œuvre, la replaçant ainsi dans notre monde et la rendant plus réaliste, et c'est là le plus important.

J'ai divisé le dossier en quatre parties en raison de sa longueur :
- la Grèce (ci-dessous),
- le reste de l'Europe,
- le reste du monde,
- les modèles utilisés dans l'animé,
- les modèles utilisés dans Saint Seiya Episode G,
- les autres pistes à explorer.

Dans cette œuvre dont les racines sont fortement ancrées dans l'univers de la mythologie grecque, la Grèce allait forcément être la source d'inspiration principale de Kurumada.

GRECE

 

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Acropole d'Athènes
Au début de l'œuvre, le Sanctuaire est représenté sous cette apparence. Or, il s'avère que c'est la réplique exacte de l'Acropole d'Athènes, le lieu touristique et archéologique le plus célèbre de la Grèce. Les premières constructions de l'Acropole datent de l'ère néolithique, mais à travers les siècles, cette place est toujours restée un centre culturel et religieux important ; en conséquence les bâtiments qui y sont encore aujourd'hui correspondent à différentes époques.
Vous avouerez que l'emprunt est un peu grossier, à ce niveau-là c'est de la simple copie ! Par la suite, Kurumada changera l'aspect du Sanctuaire pour y insérer le principe des Douze Maisons, alors les similitudes avec l'Acropole d'Athènes disparaîtront, mais le domaine sera toujours une acropole dans le sens littéral du terme (à savoir "ville haute").

 

    
Acropole d'Athènes (dans sa forme d'origine)
Lorsque l'on découvre à la fin du chapitre Hadès le temple du dieu des enfers au centre de l'Elysion, on constate que ce dernier reprend la forme de l'Acropole d'Athènes, cette fois dans sa forme d'origine, bien avant qu'elle soit en ruine. Comme on peut le voir sur cette illustration, chaque temple est reproduit plus ou moins fidèlement, la seule différence vraiment flagrante étant la statue d'Athéna, remplacée ici par la colonne d'Hadès.

 

    
Propylées
Voici maintenant les Propylées, nom que portent les restes du temple qui marquait l'entrée de l'Acropole. Ici il ne s'agit pas d'un emprunt à proprement parler, puisque Kurumada représente bien les Propylées visitées par des touristes à l'Acropole d'Athènes. Toutefois, notons qu'à un autre passage, ces mêmes colonnes sont utilisées pour illustrer le Sanctuaire lui-même !

 

    
Cariatides de l'Erechthéion
Qui n'a pas reconnu ici les célèbres Cariatides du temple de l'Erechthéion ? Elles apparaissent lorsque Seiya, malmené par Marin, atterrit à l'extérieur du Sanctuaire face à deux touristes. Une cariatide (ou caryatide) est une statue de femme debout servant de support, comme une colonne, à la corniche d'un temple. Les plus célèbres sont bien sûr celles de l'Erechthéion, le plus ancien vestige de l'Acropole d'Athènes. A noter que les six statues ne sont en fait que des moulages, les vraies étant conservées sous une vitrine du Musée Archéologique d'Athènes pour les protéger de l'air et de la pollution (tout du moins quatre d'entre elles, puisqu'une a disparu au fil des siècles, et la dernière est au British Museum). Cependant, cela ne signifie pas que Seiya est arrivé jusqu'à l'Acropole d'Athènes, les Cariatides ont juste servi de modèle ! Mais la référence est un peu maladroite car il s'agit ici d'un lieu fictif tandis que la scène suivante se déroule dans un lieu bien réel (la place Syntagma).

 

    
Temple d'Athéna Niké
C'est l'édifice dans lequel se déroule la tentative d'assassinat d'Athéna par Saga. A noter que la deuxième Maison, celle du Taureau, utilise le même modèle.
Il s'agit du Temple d'Athéna Niké, un petit édifice dédié à "l'Athéna Victorieuse", et qui se dresse juste à droite des Propylées sur l'Acropole d'Athènes. Il fut érigé en 427 avant JC, soit un peu avant l'Erechthhéion. Comme vous pouvez le constater, tous les édifices de l'Acropole ont été repris dans Saint Seiya.
Merci à aka pour cette découverte.

 

   
Parthénon
Dans l'introduction au Tenkai-Hen, lorsque Saori pousse le fauteuil roulant de Seiya, elle passe devant un temple de constitution typiquement grecque. Même si le nombre de colonnes n'est pas le même, ce temple est à rapprocher du Parthénon, le plus grand temple de l'Acropole d'Athènes, qui était logiquement consacré à Athéna. A noter qu'il a été maintes fois reconstruit à travers les siècles et que le temple actuel n'est pas d'origine, aussi de nombreux archéologues lui donnent moins d'importance que l'Erechthéion, plus authentique. Voyez ici la reconstitution du Parthénon de Nashville, au Tennessee, réalisée à l'occasion de la "Centennial Exposition" de 1897.

 

   
Académie d'Athènes
Au centre du Sanctuaire des Mers, le royaume de Poséidon, se trouve le temple du dieu. Ce bâtiment reprend la forme de l'Académie d'Athènes, avec notamment les deux colonnes portant des statues au devant. A noter que cet édifice est une construction très récente, puisqu'il date du 19e siècle. Toutefois, le nombre de colonnes ne correspond pas : l'Académie en compte seulement six, tandis que le temple de Poséidon en compte huit, tout comme le Parthénon ! En ce qui concerne l'Académie, les deux colonnes portent les statues d'Athéna et d'Apollon, vous comprendrez que pour les besoins de l'œuvre, Kurumada a choisi de les remplacer.

 

    
Statue de Léonidas
Au sommet des deux colonnes placées devant le temple, nous pouvons voir des statues de soldats armés d'une lance et d'un bouclier. Le modèle utilisé est la statue commémorative de Léonidas qui se trouve aux Thermopyles, près d'Athènes, et qui a été construite dans les années 50. Léonidas était le chef des Spartes qui combattirent héroïquement les Perses lors de la bataille des Thermopyles.

 

    
Sphinx de Naxos
Parmi les statues qui entourent le Temple de Poséidon, nous découvrons tout d'abord à l'entrée deux sphinx de part et d'autre des escaliers. Ces statues prennent pour modèle le célèbre Sphinx des Naxiens (570 avant JC), qui était placé autrefois en haut d'une colonne de 10 mètres, et qui est conservé aujourd'hui au Musée de Delphes. C'est l'exemple typique du sphinx grec qui servait pour les ornements.

 

    
Sphinx de Corinthe
Faisons un petit détour au chapitre Hadès : nous retrouvons dans le Tribunal des Enfers deux sphinx positionnés de chaque côté de la porte. Ceux-ci sont différents du sphinx précédent, car la tête est tournée sur le côté. Il s'agit en fait du Sphinx de Corinthe, une statue de marbre datant du 6e siècle avant JC et exposée au Musée de Corinthe. A l'origine, c'était l'ornement d'un monument funéraire.

 

    
Lion d'Amphipolis
Derrière le Temple de Poséidon, une longue allée mène au Soutien Principal. Juste à la sortie du temple se trouvent deux statues de lion, une de chaque côté. Celles-ci sont inspirées du Lion d'Amphipolis, construit au 4e siècle avant JC en l'honneur de Laomédon, compagnon d'Alexandre le Grand et Gouverneur de la Syrie.

 

    
Cheval de Mer
Et pour en finir avec les ornements qui entourent le Temple de Poséidon, nous pouvons voir le long de l'allée menant au Soutien Principal la statue d'un Cheval de Mer (on peut supposer qu'il y en a une deuxième qui lui est symétrique), semblable à ceux représentés sur la mosaïque romaine conservée aujourd'hui au Musée Sousse, en Tunisie.

 

   
Varvakeion Athena
La statue d'Athéna qui se trouve tout en haut du Sanctuaire est une réplique de la construction de Phidias qui était autrefois placée dans le Parthénon, mais dont il ne reste plus rien aujourd'hui (estimée vers 450 avant JC). Cependant, le Musée Archéologique d'Athènes détient une copie romaine en marbre qui, même si elle n'atteint pas les 12 mètres de l'originale, est la meilleure représentation qu'il reste. Cette copie date du 2e siècle et porte le nom de Varvakeion Athena.

 

    
Victoire de Samothrace
Nous l'avons vu, la statue d'Athéna au sommet du Sanctuaire est inspirée de celle de Phidias ; toutefois, la personnification de la victoire, Niké, présente dans la main droite de la déesse, prend quant à elle pour modèle une autre source : la Victoire de Samothrace, une statue exposée au Musée du Louvre, à Paris, et qui est d'ailleurs l'une des trois œuvres les plus visitées du lieu. Celle-ci aurait été réalisée vers 200 avant JC et provient de l'Ile de Samothrace, où elle célébrait la victoire des Grecs lors d'une bataille contre les Rhodiens.

 

   
Athéna Pensive
Lorsqu'il est fait mention de l'Athena Exclamation, une représentation d'Athéna avec des guerriers à ses pieds vient illustrer ces propos. En ce qui concerne la partie supérieure de l'image, le modèle est clairement la gravure communément appelée "Athéna Pensive", datée de 450 avant JC et conservée au Musée Archéologique d'Athènes. A noter que cette même image réapparaît peu après dans la salle du Grand Pope, sur l'un des murs de la pièce.

 

   
Ephèbe d'Anticythère
Pour illustrer les explications concernant le Septième Sens, c'est l'image de l'Ephèbe d'Anticythère qui est utilisée. Il s'agit d'une statue de bronze qui représente un sportif venant de remporter une victoire, certains prétendant qu'il s'agirait du héros Persée. Cette œuvre est exposée au Musée Archéologique d'Athènes et est datée de 340 avant JC.

 

    
Ulysse et les Sirènes
Lorsque Aldébaran, en proie à la musique maléfique de Sorrento, se rappelle la légende des sirènes grecques, nous voyons une illustration, "Ulysse et les Sirènes" : c'est le détail d'une jarre athénienne peinte datant du 5e siècle avant JC, est utilisée. Ce vase est conservé au British Museum de Londres.

 

    
Naissance d'Athéna
Lorsque Poséidon parle de sa rivalité avec Athéna, nous voyons l'illustration "la Naissance d'Athéna", qui provient d'une boîte à bijoux béotienne datant de 570 avant JC, exposée au Musée du Louvre à Paris.

 

    
Place Syntagma
Lorsque les deux touristes témoins de l'entraînement de Seiya et Marin posent des questions à un pope en ville, il est indiqué que la scène se déroule à la Place Syntagma. Cet endroit est le centre de l'Athènes moderne et fait face au Parlement (d'où le nom de la place : syntagma = constitution), ainsi qu'au monument du soldat inconnu, devant lequel deux soldats défilent jour et nuit. Si l'on traverse la place pour aller dans l'autre direction, on arrive dans les rues piétonnes de La Plaka, le quartier commerçant. D'après la petite image par laquelle Kurumada représente le lieu, il semble peu probable qu'il s'agisse réellement de la place Syntagma (je le sais, j'y suis allé) ; la prise de vue correspondrait plutôt à l'une des allées piétonnes de la Plaka, juste derrière la place.

 

   
Théâtre de Delphes
Voici l'arène de combat où Seiya affronte Cassios pour l'obtention de l'armure de Pégase. Il s'agit sans aucun doute d'un amphithéâtre, mais plusieurs de ces édifices sont encore entiers, ou presque, à l'heure actuelle : celui d'Epidaure, celui de Mycènes, celui de Dionysos à l'Acropole d'Athènes, l'Odéon romain, etc. Mais la disposition des lieux, et les quelques colonnes encore debout au fond (vestige du temple d'Apollon) ne laissent aucun doute sur le modèle usité : il s'agit du Théâtre de Delphes, créé en 400 avant JC, et dont la première fonction était d'y interroger l'oracle. A l'époque, Delphes était un lieu central de la Grèce, et de nombreux pèlerins s'y rendaient pour consulter la pythie, la femme qui était l'intermédiaire entre les hommes et les dieux.

 

   
Tholos de Delphes
Lorsqu'à Elysion Seiya recherche Athéna prisonnière du vase sacré, c'est au milieu d'un cercle de colonnes en ruines qu'il la retrouve. Ce petit édifice est une référence au Tholos de Delphes, qui à l'origine était un petit bâtiment rond (datant de 380 avant JC) et qui était consacré à Athéna ! Vous remarquerez que le nombre de colonnes a été réduit, mais le doute sur le modèle utilisé n'est pas vraiment permis puisque c'est sans doute le seul Tholos dont il ne reste que trois colonnes aujourd'hui.

 

   
Autel de Pergame
Il s'agit-là de l'intérieur de la Première Prison des Enfers, le Tribunal des Morts. L'architecture de cette salle d'audience n'est pas sans rappeler le "Grand Autel", dont il existe une reconstitution datant de la fin du 19e siècle conservée au Musée de Pergame à Berlin. Cet autel était au centre de la grande cité de Pergame, en Asie Mineure, et avait été créé vers 190 avant JC par le roi Eumène II. Dédié à Zeus et Athéna, il commémorait les victoires remportées contre les Galates. Les bas-reliefs qui en longent les façades représentent notamment la Gigantomachie, et en sont les plus célèbres illustrations.

 

   
Acropole de Lindos
Lorsque Aiolia, à qui Saori vient d'apprendre la vérité, se rend auprès du Grand Pope, nous voyons à plusieurs reprises cette vue du Sanctuaire. Il s'agit d'une muraille de l'Acropole de Lindos, sur l'Ile de Rhodes. Cet emprunt de Kurumada n'est pas très malin : en effet, si cette acropole fut bien une place antique (elle date du 9e siècle avant JC), elle a été maintes fois reconstruite, notamment au cours du Moyen Age, époque à laquelle elle doit son apparence actuelle, qui rappelle davantage les châteaux forts que les temples grecs. Kurumada a beau rajouter une colonne dorique au premier plan et un temple grec à l'horizon, ça ne change rien au fait que le type architectural n'est pas antique.

 

    
Météores
Voici le "Star Hill", traduit par "Mont Etoilé" dans la VF. C'est là, nous dit le manga, que le Grand Pope consulte les étoiles. Kurumada s'est inspiré pour l'occasion des Météores, une série de petites montagnes en Thessalie sur lesquelles sont perchés des monastères, créés à l'époque byzantine pour permettre aux moines d'échapper aux persécutions. Même si le Mont Etoilé semble plus large que la montagne sur la photo, on voit bien aux rayures sur la falaise et à la forme du rocher à gauche que les Météores ont bien servi de modèle.

 

    
Monastère de Roussanou
Une petite maisonnette apparaît à plusieurs reprises au sommet du Star Hill. Elle est inspirée du Monastère de Roussanou, l'un des édifices présents en haut des Météores. Pour le coup, Kurumada n'est pas allé chercher très loin...

 

    
Temple du Cap Sounion
C'est l'un des premiers temples qui apparaissent dans l'œuvre. Juste avant que les deux touristes ne rencontrent Seiya, ils prennent en photo ce vestige antique. Il s'agit d'une copie parfaite du Temple de Poséidon, situé au promontoire du Cap Sounion. Celui-ci daterait du 5e siècle avant JC ; c'est tout ce qu'il reste d'un ancien Sanctuaire qui dominait autrefois la région.

 

   
Cap Sounion
Eh oui, Kurumada aurait dû y réfléchir à deux fois avant d'utiliser le temple de Sounion comme modèle dès la première scène de son manga, car voilà qu'il utilise à nouveau cet endroit, mais cette fois il est bien question du Cap Sounion (la première fois, rien n'était précisé). C'est donc surtout l'aspect du cap qui sert ici de modèle ; quant au temple en lui-même, Kurumada fait en sorte de ne pas le montrer en entier afin d'éviter les doublons ! Ne cherchez pas les barreaux d'une prison au pied des falaises, il n'y en a que dans Saint Seiya ! La hauteur de la falaise a été exagérée pour rendre l'existence d'une prison secrète plus probable.

 

   
Olympe
Lorsque Hypnos explique l'existence des "kamuis", les armures des dieux, nous voyons le Mont Olympe qui est, d'après la Mythologie Grecque, la demeure des dieux. Cette montagne, située au nord de la Grèce, culmine à 2917 mètres et est en conséquence le plus haut sommet du pays, ce qui explique qu'on lui prêta si longtemps des attributs divins.

 

    
Sarcophage de Damas
Cette fresque apparaît en accompagnement de l'image d'Athéna Pensive dans l'illustration de l'Athena Exclamation. Elle est également visible dans la chambre de la déesse.
Il s'agit d'une fresque provenant d'un sarcophage en marbre exposé au Musée National de Damas, en Syrie (voir une vue d'ensemble ici). La scène correspond à une bataille de l'Iliade.
A noter qu'un sarcophage de Tyr, au Liban, représente une scène assez similaire. Apparemment, à l'époque, c'était à la mode de faire figurer sur son sarcophage une scène de l'Iliade, ce qui explique l'existence de cette fresque en plusieurs exemplaires.
Merci à aka et Raphaël qui ont méchamment galéré pour découvrir l'origine de cette fresque !

 

    
Cercueil
Lorsque Seiya et Ikki entrent dans le mausolée d'Hadès, ils y découvrent le cercueil où repose le corps originel du dieu des enfers. Le visage représenté sur l'une des faces avec la décoration qui l'accompagne n'est pas sans rappeler le cercueil de la photo.
Pour le moment, je ne suis pas en mesure de vous donner l'origine de ce cercueil.
Merci à aka pour cette découverte.

 

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Etude réalisée par Vincent, sans pseudo (email : scribe.seiya -at- free.fr).

le Scribe du Sanctuaire