MYTHOLOGIE ABORIGENE

 


Le drapeau aborigène

 

Introduction

 

Les premiers occupants de l'Australie, les Aborigènes, vivaient exclusivement de chasse et de cueillette. Ils n'avaient effectivement développé aucune agriculture ni apprivoisé quelque animal que ce soit pour constituer du bétail. Quant à la céramique et à la poterie, elles étaient tout aussi inconnues sur le continent. Autant dire que la vie y était rustique, souvent difficile et pénible, mais également libérée de nombre de contraintes matérielles. On estime qu'au XVIIIème siècle, au moment où l'Homme Blanc débarque sur les côtes australiennes, il y avait encore 300 000 Aborigènes, répartis en 500 tribus aux règles de vie certes différentes mais dont les rites portaient encore l'unité de leur origine commune et aujourd'hui inconnue. C'est donc avec beaucoup de difficulté, en raison du cloisonnement voire du mutisme des descendants traumatisés par le sort réservé à leurs ancêtres, que nous pouvons aujourd'hui reconstituer les grandes lignes du culte aborigènes.

 

Bajame, l'Envoyé du Ciel

Au tout début, il n'y avait rien qu'une immense étendue d'eau.
Puis la terre émergea peu à peu de cet océan originel.
Vint alors le Temps des Rêves qui engoba le tout, à la fois partout et nulle part, présent et intangible. Dans cette dimension parallèle se trouve le secret de la vie et de l'Univers.
C'est là que naquit Bajame, celui que les Aborigènes nommeront le Père de toute Chose.
Il créa un sanctuaire à l'intérieur du Temps des Rêves : le Paradis, lieu où les âmes humaines peuvent transiter à leur mort et où les Pierres Magiques sont précieusement gardées. Ces Pierres Magiques permettent à Bajame de diffuser son savoir par l'intermédiaire des shamans lors de rites précis ou de venir en aide aux malades et aux nécessiteux. C'est aussi lui qui donne la mort et décide d'abréger ou de prolonger la vie de toute chose. Parfois, il prend apparence humaine et se mêle à la population.

 

Bajame dort parfois, et lors de son sommeil, il rêve. Ses rêves sont en fait des voyages dimensionnels et il atterrit dans le Monde des Dieux et des Démons - une enclave sacrée du Paradis, où il se fait tuer régulièrement. Le Grand Serpent de l'Arc-en-ciel le saisit alors et le transporte sur son dos jusqu'au dieu Daramulum, qui le ressuscite. Il revient alors parmi les humains pour dispenser le nouveau savoir auquel il a accédé à travers sa mort, en prenant l'apparence d'un shaman. Puis il retourne vers le Paradis en grimpant sur le Grand Arbre Sacré, situé au centre du monde réel. C'est alors qu'il se réveille et revient dans le Monde des Rêves. Bajame constitue l'exemple par excellence de la quête de savoir au travers de différentes initiations.

 

Vers le Temps des Rêves...

Dans le Temps des Rêves ne vit pas seulement Bajame. On y trouve également un serpent géant, le Grand Serpent de l'Arc-en-ciel, qui laisse parfois sa trace dans le monde sensible sous la forme d'un arc-en-ciel, justement !
Dans ce monde luttent sans merci également des forces antagonistes, l'une mâle et l'autre femelle, pour la possession des objets sacrés. De leur guerre fratricide, naquit une émulation pour enseigner aux humains les différents secrets de l'univers qui alla jusqu'à la distribution des Pierres Magiques. Bajame, conscient que les humains ne devaient pas connaître de tels secrets sous peine d'être à jamais déçus de leur condition, rétablit in extremis la situation : il enferma les deux rebelles à jamais dans le Temps des Rêves et récupéra les Pierres. Il concéda toutefois un bref accessit aux shamans : en suivant des rites très précis, ils pouvaient accéder pour un très un court instant à la félicité originelle du Temps des Rêves, dimension spatio-temporelle à la fois antérieure et parallèle à la nôtre.

 

La Grande Mère

La Grande Mère est une entité originelle, vivant sous la terre. Elle était responsable de la pousse des plantes et des arbres à la surface. Une fois pourtant, elle décida de remonter à la surface ; elle parcourut les immensités de la savane et du désert pour atteindre le Paradis, où elle se retira. Tout au long de son périple, elle enseigna à ceux qui la rencontrèrent comment trouver les points d'eau à partir de la migration des animaux. Elle veille toujours à la bonne pousse de tout ce qui est issu de terre.

 

Les premiers humains

A l'origine, au-delà de l'Espace et du Temps, était l'ère du Temps des Rêves. Les premiers humains sont nés de la terre, un peu comme les fleurs qui poussent, à l'extrême Est du monde. Nomades, ils erraient dans le désert vers l'Ouest, jalonnant leur parcours par des petites mares d'eau qu'ils creusaient dans le sable.
Ils s'accouplèrent et eurent une nombreuse descendance : l'espèce humaine dans sa totalité ! Ils enseignèrent à leurs enfants les lois fondamentales de la nature, les techniques de chasse et de cueillette, ainsi que les rites sacrés.
Lorsque leur périple prit fin, ayant atteint l'extrême Ouest du monde, ils disparurent soudainement, confiant la planète à leurs enfants. Ceux-ci se séparèrent et allèrent fonder différentes tribus aux quatre coins du monde.

 

La prohibition de l'inceste

Au début, les humains s'accouplaient de manière désordonnée à l'intérieur de leur clan, voire de leur famille : les pères faisaient l'amour avec leurs filles, les mères avec leurs fils, les frères avec leurs sœurs,... Mais les descendants étaient nettement moins réussis que leurs géniteurs : laids, violents, brutaux et rustres, et pire que tout... irrespectueux des dieux !
Les dieux intervinrent donc pour interdire les liaisons incestueuses chez les humains et codifier le mariage. Il relevait alors de la mission des dieux de veiller au respect de ses nouvelles règles. La prohibition de l'inceste relève donc de la nécessité de préserver l'humanité.

 

L'accession à la culture

Un dieu bienveillant, de nom et de nature inconnus, voulut offrir un cadeau pour l'ensemble de l'humanité. Un dieu farceur comptait, lui, profiter de l'innocence des humains pour leur jouer un mauvais tour. Il ne dit rien de son projet au premier cité et lui proposa son aide désintéressée. Ils débarquèrent sur terre et offrirent aux humains les premiers outils pour la chasse et la pêche. Ils leur expliquèrent comment se concilier les bonnes grâces des dieux, comment dompter le feu. Le dieu bienveillant alla même jusqu'à leur donner, sous le conseil du farceur, la clé ultime du savoir universel. Malheureusement, c'était un cadeau empoisonné et le blagueur le savait très bien : en connaissant la vérité cachée de l'Univers, les humains n'avaient plus aucun but. C'est pourquoi le dieu bienfaiteur leur offrit un temps circulaire, afin d'oublier cet épisode fâcheux et leur laisser la surprise d'un éternel recommencement du cycle de la vie. La roue tourne, encore et toujours, et les Aborigènes n'ont toujours pas de conception linéaire du temps : demain est véritablement un autre jour !


Le Didgeridoo, instrument traditionnel
et cadeau des dieux

 

Dossier réalisé par Prométhée (email : promethee -at- web.de)

le Scribe du Sanctuaire